Étape 1 : Décrire la situation

Lors de votre signalement, soyez le plus précis possible quant à l’identité de l’auteur, celle de la victime, la date et le lieu (si possible, faites-nous parvenir les coordonnées de géolocalisation). 

Si cela ne vous met pas en danger et ne fait pas courir de risque à l’enfant, vous pouvez nous envoyer une photo qui pourrait permettre d’identifier plus précisément l’auteur, la victime ou le lieu (par exemple, une plaque d’immatriculation, une photo du quartier, …). Néanmoins, il n’est pas certain que ces preuves puissent être utilisées par la justice. 

Le plus rapidement possible après avoir vu la situation suspecte. Cela vous permettra d’avoir encore en tête un maximum de détails mais également de pouvoir agir rapidement si un enfant est en danger. En effet, si la Police reçoit le signalement d’une situation inquiétante plusieurs mois après les faits, la récolte de la preuve s’avérera extrêmement difficile. 

Cela peut tout de même être pertinent. En effet, sans pour autant entrer dans une logique de délation, il est important de ne pas hésiter à signaler toute situation qui vous semblerait avoir un caractère infractionnel, c’est à dire qui serait en lien avec un acte interdit et sanctionnable en Belgique. 

Par exemple, vous êtes au restaurant et entendez un groupe de personnes évoquer le fait d’avoir déjà payé une jeune-fille mineure pour avoir une relation sexuelle – même si vous ne connaissez pas l’identité des personnes, il s’agit d’une discussion concernant un acte répréhensible.

Bien que l’information puisse vous paraître insuffisante ou incomplète, elle pourra être utile à la police pour ouvrir un dossier. En cas de signalement comparable au vôtre (même type de profil) ou si de l’information complémentaire provient d’un autre signalement, la police pourra croiser les informations concordantes. Ainsi, si plusieurs signalements concernent le même hôtel ou la même ville, les autorités locales en seront informées et pourront agir en conséquence. ECPAT étant un réseau international, nous pouvons également informer les collègues du pays concerné que des situations potentielles d’abus sexuel nous ont été signalées à tel endroit.

Attention à ne pas confondre 1) être sûr·e de ce qu’on a entendu/vu et 2) être sûr·e qu’un acte a été commis. 

Par exemple, vous êtes au restaurant et entendez un groupe de personnes évoquer le fait d’avoir déjà payé une jeune fille mineure pour avoir une relation sexuelle. 

1) si vous n’êtes pas certain·e d’avoir bien entendu, attention à ne pas risquer de signaler sur base d’une information très peu fiable. Si un ami vous confirme avoir entendu la même chose, on est dans une situation sûrement plus fiable, où le signalement devient préférable. 

2) Par contre, si je vous êtes sûr·e de ce que vous avez entendu mais que vous n’avez aucune certitude quant au fait que l’acte a réellement été commis, signalez tout de même. C’est à la police de vérifier si l’acte a bien eu lieu.

Voici quelques exemples, 

  • Un adulte touche un enfant de manière inappropriée à la piscine, à la plage, dans un restaurant, un bar ou une boîte de nuit.
  • Un adulte s’isole avec un enfant qu’il ne semble pas connaitre, dans une chambre d’hôtel ou un appartement (privé).
  • Un enfant danse (à moitié) nu pour des gens.
  • Une personne offre des activités sexuelles avec un enfant ou un mineur d’âge.
  • Une personne cherche des services sexuels de la part d’enfants ou de mineurs d’âge.
  • Un hôtel ou une organisation tolère l’abus sexuel d’enfants ou de mineurs d’âge au sein de sa structure ou à travers une entreprise sous-traitante.
  • Un adulte raconte son expérience sexuelle avec un enfant ou un mineur d’âge.
  • Un adulte prend plusieurs photos d’enfants à leur insu ou sans autorisation de leur parents, notamment à la plage ou à la piscine.
  • Un adulte montre des images à caractère sexuel à un enfant.

La liste n’est pas exhaustive !

Parce que les témoins sont bien souvent les seuls à pouvoir signaler un fait d’abus sexuel commis sur des enfants et des mineurs d’âge à l’étranger. En effet, les victimes portent  rarement plainte pour un certain nombre de raisons (peur des représailles, aucune confiance dans la police, etc.). Or, la loi permet de poursuivre en Belgique toute personne trouvée sur le territoire belge et soupçonnée d’avoir commis des abus sexuels sur des enfants et mineurs d’âge à l’étranger. S’il n’y a pas de signalements, il n’y aura malheureusement pas de poursuites, les auteurs continueront à bénéficier de l’impunité la plus totale et de faire d’autres victimes.  

Non, un enfant est toute personne qui a moins de 18 ans, au sens de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant : les mineurs d’âge sont donc englobés dans cette définition. L’article 34 de cette même Convention internationale protège ces enfants et mineurs d’âge contre toutes les formes illégales d’exploitation sexuelle et de violence sexuelle, des abus sexuels jusqu’à leur exploitation dans la prostitution ou dans la production de spectacles ou de matériel à caractère pornographique.

L’exploitation sexuelle d’enfants est un abus en échange d’une rémunération (argent, objets, promesse d’un avenir meilleur, etc.). Cette rétribution est donnée à l’enfant ou aux intermédiaires. Quelques formes d’exploitation sexuelle : traite des enfants, matériels représentant l’abus sexuel d’enfants, prostitution d’enfants. Vous trouverez plus d’informations sur le site d’ECPAT

Il n’existe pas de profil type d’abuseurs. Ceux-ci peuvent être de tout genre, âge, orientation sexuelle, profession, milieu-économique, état civil, etc. Ce ne sont pas uniquement des touristes mais tous types de voyageurs (hommes/femmes d’affaires, expatriés, personnel humanitaire, etc.).

La grande majorité des abuseurs ne sont pas des pédocriminels notoires. En réalité, la plupart des abuseurs le deviennent uniquement parce que les circonstances s’y prêtent, et non parce qu’ils l’avaient prémédité. 

Il est d’autant plus important de ne pas fermer les yeux, car il s’agit souvent de personnes qui n’auraient pas agi s’ils n’avaient pas bénéficié d’un fort sentiment d’impunité, de l’envie d’une expérience “exotique”, d’un accès facile aux enfants/adolescents, d’une forme de relativisme culturel (“c’est encouragé dans leur culture”).

Tout enfant, fille comme garçon, est vulnérable à l’exploitation sexuelle. Certains facteurs accentuent cette vulnérabilité, comme: la pauvreté, les guerres et les catastrophes naturelles, l’ethnicité, l’acceptation sociétale, les traditions et coutumes néfastes, la violence intrafamiliale, les nouvelles technologies, la société de consommation, les lois inadéquates et la corruption… Les enfants des rues, orphelins, victimes du SIDA, migrants, handicapés, sont aussi des enfants particulièrement vulnérables.

Tous les pays ! Même s’il y a des « hotspots », aucun pays n’est épargné par l’exploitation sexuelle des enfants. L’Europe de l’Est et du Sud deviennent d’ailleurs de nouvelles destinations pour l’exploitation sexuelle des enfants.